Nicolas Donin: Workshop on the joys and perils of musicians' self-analyses

Nicolas Donin: Workshop on the joys and perils of musicians' self-analyses

An event organized by CIRMMT Research Axis 2 (Music information research)

Description

Following Nicolas Donin's Distinguished Lecture on January 20, 2025, a CIRMMT Workshop on the Joys and perils of musicians' self-analyses is planned for Thursday, January 23. Self-analysis, i.e., composers analysing their own works, has been an increasingly significant part of writings about music over the last centuries. It offers a unique perspective on their conceptualization of their artistic activity and on the unfolding of their creative process. Nowadays, virtually any creative practice in music beyond composition may integrate self-analysis, based on a variety of methodologies.

Registration

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Schedule

This workshop includes talks in both French and English. A catered lunch will provided by CIRMMT's RA2 for all presenters and attendees registered by January 20, see registration form above.

10:45-11:00: Coffee and refreshments

11:00-11:30: Nicolas Donin: Welcome and introduction to the workshop

11:30-12:30: Artistic approaches

Quentin Lauvray (doctorant, Université McGill) : L’auto analyse dans le processus de composition
L’auto analyse est souvent conçue comme une étape ultérieure à la composition, comme une analyse de l’ensemble des règles établies et techniques utilisées par le compositeur. L'auto-analyse traite souvent du processus de composition comme étant un processus clos et déterministe. Pourtant, pour de nombreux compositeurs, l’auto-analyse a une place dans le processus de composition lui-même. En effet, l’exploration sonore et le jeu ont une part primordiale dans la composition de nombreux compositeurs (cf. Delalande. La musique est un jeu d'enfant. Bibliothèque De Recherche Musicale. Paris: Buchet/Chastel, 1984) et l’auto-analyse est essentielle pour discerner le potentiel d’une idée musicale. Parce que ce sont des phénomènes non-déterministes, vivants et ancrés dans le temps (et donc difficilement représentables), ils sont souvent occultés par l’ensemble des stratégies hors-temps (diagrammes, échelles, tableaux etc.) dont les compositeurs et analystes sont si friands. Ils se voient ainsi être relégués à une place minime dans les analyses et auto-analyses, et attribués à de la simple (et vague) “précomposition”. Je propose donc, en revenant sur deux de mes pièces récentes, d’étudier la place que l’auto-analyse a dans le processus de composition. Il s’agit, d’une certaine manière, d’une auto-analyse de mes auto-analyses, desquelles sont nées deux compositions.

Pierre Basso (PhD candidate, McGill University): Integrating Composition in Music Theory Pedagogy: A Multifaceted Approach
This presentation examines a pedagogical model that places the creative process at the heart of music theory education. Through my experiences as both a student and lecturer, I have engaged with and implemented an approach that combines analysis and composition to enrich the learning process. The method unfolds in interconnected stages. Students begin by exploring theoretical concepts and related pieces, forming a foundation for creativity. They then create original works, applying these insights while developing both innovation and practical understanding. Reflection and self-analysis follow, allowing them to evaluate their choices, refine their ideas, and uncover connections between intuition and theory. Revisions often emerge as analysis reveals solutions or highlights errors. The process concludes with finalizing the work and documenting its creation, offering students a record of their artistic and intellectual journey. Living this process as a student was transformative, revealing the deep connection between theory and practice. As an educator, I witnessed how alternative evaluation methods, such as project-based composition and reflective documentation, empower students to blend theoretical understanding with personal creativity. This approach fosters critical thinking, problem-solving, and artistic growth while integrating creativity into music theory pedagogy. It provides students with tools to navigate complex musical concepts and develop a lasting connection between analysis and creation.

12:30-13:30: Lunch

13:30-15:00: Musicological Approaches

Ira Braus (Prof. Emeritus of Music History, The Hartt School/U. of Hartford/USA): Elliott Carter’s Analysis of His Piano Sonata (1945-46): A Moment of Music Historical Agnosia?

In 1948, Elliott Carter wrote an analysis of his Piano Sonata for Edgard Varèse. His analysis of the first movement makes us ask why Carter did not identify its recurrent two-tempo structure with the first group of its sonata form. For a composer of Carter’s sophistication, one asks whether he was experiencing a moment of music historical “agnosia,” given that two-tempo exposition peppers familiar nineteenth-century works such as Beethoven’s Quartet in Bb, op.130 and Franck’s Symphony in D minor. This paper explores Carter’s “agnosia” by way of internal and external evidence. Internally, it scrutinizes the thematic chart he attached to the analysis and posits that the work’s quintal neo-tonality so informs the themes as to misinform the composer’s analysis of the form. Externally, it compares three works by Beethoven to Carter’s Sonata in regard to its two-tempo structure, using principles from Hepokoski and Darcy’s Elements of Sonata Theory (1999). Finally, the author reviews writings of Carter and his circle that may explain why his analysis downplayed historical precedents to the Piano Sonata.

Vicky Tremblay (doctorante, UdeM) : Les auto-analyses de Gilles Tremblay : prolonger l’acte de réception
Les publications ainsi que les archives du compositeur québécois Gilles Tremblay (1932-2017), disponibles à la division des archives de l’Université de Montréal, comportent des auto-analyses présentées sous différents formats tels que des articles, des notes de conférence, des archives radiophoniques, etc. Pour Tremblay, le premier acte musical consiste à percevoir les relations musicales audibles dans la vie de tous les jours (Tremblay 1994[1970]). Le travail du compositeur s’inscrirait dans le prolongement de cette réception fondamentale, à travers laquelle son œuvre trouverait une certaine unité (Ibid.). Dans le même ordre d’idées, on peut envisager que les auto-analyses forment une partie constitutive de cet « acte de réception unifiée ». Notamment, dans une conférence prononcée en 1997 intitulée « Fleuves, en amont, en aval », la pensée compositionnelle de Tremblay se présente véritablement comme « un développement organique » (Donin 2013), et l’auto-analyse permet au compositeur de communiquer cette sensibilité première aux relations de la vie qui s’inscrit, chez Tremblay, dans le prolongement de sa vie spirituelle. Cette communication aura pour objectif de montrer en quoi les auto-analyses constituent un médium privilégié pour le « prolongement de la réception » souhaité par le compositeur. J’émets l’hypothèse que les auto-analyses de Tremblay se construisent en dialogue, d’une part, avec la pensée analytique et compositionnelle de son professeur Olivier Messiaen, et d’autre part avec la philosophie personnaliste influente dans les milieux intellectuels catholiques québécois à partir des années 1950 et 1960.

Matthieu Galliker (doctorant, Université de Montréal) : Du paysage initial à l’espace final du projet EROC3 : Le discours musical mis à l’épreuve de l’analyse du processus collaboratif
Lors d’une édition du projet Ensemble de recherche sur l’orchestration contemporaine (EROC) du regroupement Analysis, Creation and Teaching of Orchestration (ACTOR) ayant eu lieu à l’Université de Montréal (2022-2023), le compositeur Simon Grégorcic et sept interprètes ont travaillé en collaboration pour créer une pièce explorant l’orchestration et le timbre en musique contemporaine. Au terme du projet, le compositeur a produit une auto-analyse de l’œuvre qui décrivait également son point de vue sur la collaboration. Une analyse qualitative de son travail et d’autres données (enregistrements d’ateliers, esquisses de partition, entretien) a mis en évidence une ambiguïté dans le discours musical. Le projet initial consistant à reproduire un paysage sonore, le compositeur soutient qu’il ne s’agissait pas d’imitation formelle de modèles réels. L’idée initiale s’est alors transformée en notion d’espace sonore. De l’analyse des données a ainsi émergé un questionnement général sur la notion d’inspiration. Afin de mettre en perspective l’auto-analyse de Grégorcic, la notion d’imitation sera décrite avec celles de paysage, d’espace et de phonotropie. Une comparaison des discours du compositeur et des interprètes précisera le degré d’unité de leurs relations sociales. Enfin, une brève analyse de la pièce reconsidèrera les notions abordées. Cette illustration du processus de création collaborative souligne ainsi deux points : 1) l’explicitation de chaque étape du processus reste essentielle afin de clarifier la pensée des acteur·trice·s et l’orientation du projet ; 2) la retraçage génétique des idées musicales peut mettre en évidence les interactions sociales et les rapports de force qui reproduisent des schémas hiérarchiques traditionnels.